Recommandations aux journalistes
Vous êtes journaliste et préparez un reportage sur le gavage ?
- Demandez à voir un gaveur qui travaille avec des cages collectives. Si vous ne prenez pas cette précaution, on risque de vous conduire chez un producteur qui enferme quelques dizaines d’animaux dans des enclos au sol, alors que ce type de petite production artisanale est marginal et sur le déclin.
L’enfermement des canards en cages collectives est la norme. C’est notamment le cas chez les éleveurs travaillant pour les plus grandes marques (Labeyrie, Delpeyrat, Euralis, etc.) : les bâtiments abritent des rangées de cages où sont détenus des centaines et souvent même (en Vendée notamment) des milliers d’oiseaux.
Si, pour réaliser votre reportage, vous contactez le CIFOG, ou de grandes marques de foie gras, vous serez dirigés vers un bâtiment de gavage où l’exploitant est habitué à recevoir des équipes de télévision et à sélectionner et aménager ce qu’il montre de façon à gommer les aspects les plus choquants. - Demandez à voir le gavage de canards, qui représentent 97% des oiseaux gavés en France (soit plus de 30 millions de canards). Le nombre d’oies gavées, qui diminue régulièrement, est aujourd’hui d’environ 700 000 par an.
Si vous souhaitez que votre tournage donne une représentation fidèle de la réalité du gavage :
- Demandez à voir des oiseaux en fin de gavage (vers le 10e à 12e jour pour les canards). Sinon, on vous montrera des oiseaux en début de gavage. Or, le problème du gavage ne se réduit pas au caractère brutal de l’introduction de l'embuc dans la gorge de l’animal (et aux lésions à l’œsophage qui peuvent en résulter). Le gavage est nocif du fait même de la suralimentation. Les effets de la suralimentation sur la santé des oiseaux vont bien évidemment croissant avec la durée du gavage : plus il se prolonge et plus nombreux sont les animaux qui meurent ou sont moribonds ; la plupart ont des difficultés à respirer, sont haletants, ont les plumes grasses… La dose de gavage est bien plus importante en fin de gavage : demandez à filmer l’injection d’une dose de fin de gavage, dans un bol par exemple, pour donner une idée de la quantité. Si vous pensez que cela peut être fait dans des conditions correctes pour l’oiseau, demandez à ce qu’un canard en fin de gavage soit sorti de sa cage et posé à terre pour constater ses difficultés à se déplacer.
- Demandez à voir le gavage aux horaires normaux (typiquement entre 6 et 9h le matin, et entre 18 et 21h le soir), avec les doses normales. Sinon, on vous fera venir à une heure de gavage non habituelle : ainsi la dose de gavage sera inférieure à celle qui est administrée ordinairement. Les effets constatés avec les doses normales, en particulier les animaux qui secouent la tête pour recracher ce qu'ils peuvent, les risques d’obstruction des bronches, les diarrhées seront donc rendus plus discrets.
- Demandez à voir le gavage au rythme normal, c’est-à-dire en y consacrant environ 5 secondes par animal (l’injection de la dose de gavage elle-même ne prenant que 1 à 2 secondes). Sinon, on vous montrera un gavage effectué plus lentement que d’habitude. En particulier, au lieu de commencer à tirer d’une main le cou de l’oiseau suivant, alors que l’autre main maintient encore l’embuc dans la gorge du premier, le gaveur prendra le temps d’effectuer l’opération avec plus de délicatesse. La brutalité de l’acte réel sera donc atténuée, et le risque de voir une perforation du cou se produire devant la caméra diminuera d’autant.
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