300 000 européens réclament la fin de pratiques illégales dans l’UE

La production de foie gras en ligne de mire d’une pétition remise à la Commission européenne par une coalition d’associations.

Les associations Albert Schweitzer Foundation, Compassion in World Farming (CIWF), L214 et PETA UK appellent le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker à prendre des mesures urgentes et significatives dans la production de foie gras en France, Belgique, Bulgarie, Espagne et Hongrie.

Mardi 3 mars, soutenu par des eurodéputés présents pour l'occasion, une délégation a été reçue à 11h30 par Marco Valletta, membre du Cabinet du Commissaire européen à la santé et à la sécurité alimentaire Vytenis Andriukaitis. Elle a pu exposer les revendications des associations et a pu remettre les 320 000 signatures collectées dans leurs pays, dont près de 80 000 recueillies sur la version française de la pétition sur la plateforme Change.org.

Les eurodépudés David Martin (UK), Stefan Eck (AL), Anja Hazekamp (NL)

Le gavage est illégal

Le droit européen est clair : le gavage, qui provoque des souffrances et des blessures établies scientifiquement, est illégal. La réglementation européenne sur la protection des animaux dans les élevages stipule que les animaux ne peuvent être alimentés « de telle sorte qu'il en résulte des souffrances ou des dommages inutiles ». Les conséquences du gavage sur la condition des oiseaux est largement documentée : blessures et infections de l'oesophage, diarrhées, insuffisance respiratoire, fonction hépatique altérée ou encore fractures osseuses. Selon les statistiques de la filière française, la mortalité des oiseaux est multipliée par 9 en période de gavage.

Les yeux fermés de la Commission

Pour Brigitte Gothière, porte-parole de L214 : « Si les lois européennes sensées protéger les animaux étaient prises au sérieux, le gavage serait de facto interdit en France, comme c'est déjà le cas dans la plupart des pays européens. Tant que la Commission européenne fermera les yeux sur les lois qu'elle a elle-même établies, des millions de canards et d'oies continueront de subir un traitement légalement et moralement condamnables. »

Un consensus scientifique clair

Pour la directrice de PETA au Royaume-Uni, Mimi Beckechi, « Le consensus scientifique sur le gavage est clair : cette pratique est nocive et devrait par conséquent être interdite. Le comité scientifique de l'Union européenne a lui-même conclu en 1998 que le gavage est préjudiciable au bien-être des canards et des oies mais 16 ans plus tard, ces oiseaux continuent d'en subir les conséquences. »

Cages non-conformes à la réglementation

Par ailleurs, les batteries de cages – individuelles ou collectives- utilisées pour immobiliser les oiseaux ne sont pas conformes à la réglementation. Malgré une situation amplement documentée par les associations, la Commission n’a encore pris aucune mesure pour faire cesser ces infractions.

Selon Peter Stevenson (Compassion in World Farming, CIWF) : « Nous inondons depuis longtemps la Commission de preuves, de rapports et de plaintes formelles. La réponse de la Commission a été pathétique. Il est désormais temps de passer à l’action. »

Une cruauté qui doit cesser

« La production de foie gras est l’une des plus flagrantes cruautés de notre époque, et cela doit cesser », ajoute Mahi Klosterhalfen, Président de la Fondation Albert Schweitzer en Allemagne.

A l'occasion de la remise des signatures, les associations rappellent que la stratégie de l’UE pour la protection et le bien-être des animaux inclut la “mise en conformité des pratiques” dans les objectifs de la Commission pour la période 2012-2015.

Enfin, en 2002, l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) déclarait que la production de foie gras « soulève de sérieux problèmes de bien-être animal, et n’est pas une pratique que la FAO cautionne. »

Afin de protéger sa réputation sur ses critères élevés en matière de protection des animaux, il est urgent pour l’Union européenne de se pencher sur la production de foie gras.

Cette action intervient à deux semaines du délibéré du procès opposant L214 à la société de foie gras Ernest Soulard.

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